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L’opportunité pour l’Afrique de reconstruire en mieux

News

30/11/2021

Le financement à long terme aide le continent à créer des services plus durables et à bâtir des villes visant à lutter contre le changement climatique

Près de la ville d’Ambatolampy, à plus de 1 500 mètres au-dessus des eaux scintillantes de l’océan Indien, des dizaines de rangées d’élégants panneaux solaires alimentent près de 50 000 foyers de Madagascar en électricité propre et verte. Le projet, qui a fait naître la plus grande centrale solaire du pays, marque une étape importante dans les projets de l’île en faveur d’une transition d’une énergie aujourd’hui majoritairement basée sur le fioul lourd et le diesel vers 80 % d’énergie renouvelable d’ici 2030.

Le continent est très largement affecté par le changement climatique. L’Organisation météorologique mondiale (OMM) estime que jusqu’à 118 millions de personnes vivant dans l’extrême pauvreté en Afrique seront exposées à la sécheresse, aux inondations et à la chaleur extrême d’ici 2030, une éventualité qui menace les progrès en matière de réduction de la pauvreté et de croissance.

En effet, un rapport publié par l’OMM en 2020 indique que le changement climatique pourrait de nouveau faire reculer la croissance économique de 3 % d’ici 2050. « Cela représente un sérieux défi en termes d’actions d’adaptation et de résilience au climat, car non seulement les conditions physiques se dégradent, mais le nombre de personnes touchées augmente également », a déclaré Josefa Leonel Correia Sacko, Commissaire de l’Union africaine pour l’économie rurale et l’agriculture.

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Central solaire d'Ambatolampy (Madagascar) - © GreenYellow 

Le changement climatique a également révélé la vétusté et le manque d’infrastructures du continent, celles-ci étant déjà mises à rude épreuve par l’expansion rapide de la population. Par exemple, en Afrique subsaharienne, près de 600 millions de personnes – soit environ deux tiers de la population mondiale vivant sans électricité – n’ont pas accès au réseau électrique. Même ceux qui ont de l’électricité n’en consomment généralement que très peu. Selon un rapport du cabinet de conseil McKinsey datant de 2020, au Mali, l’individu moyen utilise moins d’électricité en une année entière qu’un Londonien n’en consomme pour alimenter sa bouilloire.

Ce même rapport révèle également que l’Afrique risque de prendre encore plus de retard sur le reste du monde, le continent manquant de projets d’infrastructures achevés dans la région : la demande d’électricité devait y quadrupler entre 2010 et 2040, mais en 2018, seules 20 millions de personnes étaient connectées à un réseau, contre 100 millions dans le cas de l’Inde.

Dans ce contexte difficile, Société Générale, dans le cadre de son initiative « Grow with Africa » lancée en novembre 2018, s’est concentrée sur les projets d’infrastructures à fort impact dans la région en fournissant un financement multi-source, combinant un prêt en devises étrangères et une tranche en monnaie locale sur des périodes dépassant largement l’horizon des banques nationales africaines. Sur une base annuelle, la banque a dépassé le milliard de dollars de transactions de financement en Afrique et a vu son portefeuille croître de 30 à 40 % par an.

« Nous venons combler l’écart important qui existe en matière de financement entre les capacités limitées des banques locales d’une part et les grandes banques de développement d’autre part, ces dernières ayant tendance à se concentrer sur des projets de beaucoup plus grande envergure », explique Mohamed El Fadel KaneDirecteur général et Responsable Marchés de capitaux et Financement structuré pour l’Afrique subsaharienne chez Société Générale.

La centrale solaire de Madagascar, financée à hauteur de 19 millions de dollars sur 14 ans, montre combien un financement à plus long terme peut faire toute la différence pour les communautés locales, en construisant des infrastructures indispensables axées sur la durabilité. Hassanein Hiridjee, PDG d'Axian Groupsays: a commenté : « Notre partenariat avec Société Générale est un projet constructif et innovant. GreenYellow Madagascar

[la société d’énergie verte détenue conjointement par Axian et le spécialiste français de la grande distribution Casino] a joué un rôle clé non seulement dans la croissance rapide de la production d’énergie solaire du pays, mais aussi dans sa transition stratégique vers les énergies renouvelables. Le projet lui-même illustre parfaitement comment des valeurs communes peuvent créer des partenariats synergétiques et efficaces, qui contribuent largement à la croissance économique durable en Afrique. »

Les projets les plus importants qui devraient bénéficier de ces partenariats de financement fastidieusement modélisés sont d’une envergure incroyable. Dakar, la capitale du Sénégal, est notamment sujette à une surpopulation chronique, ce qui met à rude épreuve ses infrastructures déjà au bord de la rupture. Avec une population qui avoisine aujourd’hui les 4 millions d’habitants, les systèmes d’égouts et de distribution d’eau sont depuis longtemps dépassés, et les prix des logements grimpent en flèche. Aujourd’hui, à 40 km à peine, une toute nouvelle ville de 2 milliards de dollars est en train de prendre forme. Elle fournira à la population des infrastructures modernes et fiables, tout en allégeant la pression sur la capitale voisine.

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© Presidency of the Republic of Senegal

Cette nouvelle ville, baptisée Diamniadio, abritera plus d’une douzaine de ministères, ainsi que le siège des Nations unies dans le pays et de nombreux logements adaptés à différents niveaux de revenus. Amadou HottMinistre de l’économie, de la planification et de la coopération internationale du Sénégal, s’est exprimé sur le sujet : « La ville résiliente et durable du XXIe siècle doit être conçue ou repensée de façon à faciliter la mobilité, promouvoir les énergies propres, fournir un système viable d’assainissement et de traitement des déchets, et favoriser des constructions respectueuses de l’environnement. C’est le choix que nous avons fait pour Diamniadio, avec des projets tels que le Train Express Régional, qui fonctionnera en double mode : carburant et électricité. »

Société Générale a proposé de financer le projet dans le cadre d’un partenariat public-privé dit de « construction-exploitation-transfert », qui verra la propriété des bâtiments du pôle ministériel de la ville revenir à terme à l’État sénégalais. « Dans de nombreux pays d’Afrique, les gouvernements cherchent des moyens de décongestionner leurs capitales tout en stimulant le développement économique de la région », explique M. Kane de Société Générale. « Nous avons besoin de nouvelles villes et, autour d’elles, d’infrastructures modernes fonctionnant à l’énergie verte et incitant à réduire l’usage des voitures. »

À Diamniadio, la banque a financé un réseau de trains électriques reliant la ville à Dakar et à l’aéroport. Elle a également accordé des prêts servant à financer la construction d’un des deux stades sportifs de la ville et d’une centrale solaire qui produira de l’énergie propre pour ce même stade et les infrastructures environnantes.
Plus important encore peut-être, Société Générale émet des financements à long terme pour le réseau d’eau, d’assainissement, de routes et d’électricité de Diamniadio, garantissant ainsi aux entreprises et aux habitants qui s’y installent un accès complet à des services capables de faire face à l’accroissement des besoins d’une population en expansion, ainsi qu’aux exigences liées au changement climatique. Comme le dit M. Kane : « Le changement climatique est une réalité, et nous devons nous préparer à l’impact qu’il aura sur la région. »


Article rédigé et paru sur le site du Financial Times. Cliquez ici pour accéder à l'article (en anglais uniquement).